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Personnalités

État d’être

Le terme personnalité est utilisé ici d’une manière spéciale. Une personnalité est un état d’être. C’est un état vivant, complexe, de motivations, visions, pensées, émotions, sensations et maladies. Les personnalités s’expriment sur tous les niveaux de vie cités ci-dessus. Et ces niveaux forment un tout logique. La maladie est l’expression physique de cet état.

But

Une caractéristique essentielle et centrale d’une personnalité est son but. On peut aussi l’appeler intention, désir, besoin, motivation ou élan. C’est le désir d’être quelqu’un ou d’avoir quelque chose : médecin, directeur, père, mère, artiste, scientifique. Ce peut être le désir d’être riche, célèbre, aimé ou reconnu. C’est ce qui motive l’action.

Rôle

Le but d’une personnalité est exprimé par le rôle que l’on joue dans la vie. Une personnalité de mère désire avoir des enfants. Une personnalité de roi désir être un dirigeant. Une personnalité d’enfant désire être en sécurité dans sa famille, sa maison et avec ses parents. C’est comme jouer dans une pièce de théâtre. La confusion provient de penser être une certaine personnalité, plutôt que d’avoir une telle personnalité. Le rôle peut être aussi un mécanisme de défense comme Sam Keen l’exprime : « pour un adulte, le monde entier est un podium et la personnalité est le masque que l’on porte pour jouer le rôle assigné ».

Pensées

Le but exprime l’idée de comment le monde devrait être. L’idée d’un monde idéal est un recueil de pensées. Le but est associé aux considérations, jugements, convictions et condamnations. Souvent il s’exprime par des phrases qui contiennent des mots comme : toujours ou jamais, chacun et personne, devrait ou ne devrait pas.

La personnalité s’exprime particulièrement par des pensées récurrentes et persistantes sur les évènements de la vie. La personnalité peut s’accrocher à ces histoires de vie et les raconter à maintes reprises aux autres.

Émotions

Le but aboutit aux peurs. Si la personnalité n’a pas atteint son but, la peur de ne pas l’atteindre apparaît. Quand une personnalité a atteint son but, la peur de le perdre survient. Si nous approchons ou réalisons un but, nous sommes heureux et réjouis. Si nous le perdons, nous sommes malheureux, tristes et moroses. Tant que nous pouvons vivre dans la prospérité et la maintenir, dépression et peur semblent être absentes. Tant qu’une personne est en bonne santé, la peur de la maladie et de la mort semble habituellement être loin, elle ne réapparaît qu’avec la maladie. La peur de perdre sa bonne position peut découler du besoin d’un certain prestige. La peur de la maladie ou de la mort résulte du but d’être fort et en bonne santé.

Chaque personnalité a un certain type de peur qui est typique de cette personnalité-là, par exemple la peur de la pauvreté. Une peur basique et répandue est d’être malade et de mourir : c’est la peur de perdre la santé.

Sensibilité Susceptibilité

Le but rend la personnalité réceptive aux évènements. Ce qui la conduit à un désir de s’éloigner ou de se diriger vers quelque chose. Elle veut avoir ou se débarrasser de quelque chose. Les personnalités sont vulnérables aux traumatismes, sensibles aux bruits, allergiques aux aliments ou produits chimiques, pollens, saveurs et odeurs, à la lumière et l’obscurité, aux critiques et médisances. Nous pouvons reconnaître des personnalités par leur vulnérabilité à certains enjeux en lien avec leur traumatisme originel. C’est comme de reconnaître un arbre par son fruit.

Déclencheurs Évènements Histoires de vie

Les maladies débutent principalement suite à des expériences stressantes, traumatiques. Ces dernières conduisent aux soucis, ruminations, absorption dans le problème. Quand on ne peut pas trouver de solution, on peut déclencher une maladie, que son expression soit physique ou mentale. Dans l’évènement déclenchant, nous pouvons voir l’essence de la personnalité, c’est-à-dire ce qu’il fait aux personnes et comment elles y réagissent. Il y a une sorte de fractal d’une personnalité.

Des évènements importants peuvent devenir des histoires de vie, qui sont l’expression des personnalités. C’est ce qui rend les romans et les films si intéressants : nous reconnaissons en eux plus ou moins nos propres personnalités. Nous nous identifions avec notre historique, avec notre « histoire ». Et quand cela resurgit, cela signifie que ce n’est pas encore résolu et qu’il en persiste une douleur. Eckhart Tolle l’appelle : « Moi et mes histoires ».

Les déclencheurs et les histoires de vie permettent de rendre nos cas et les maladies compréhensibles.

Compensation Diversion Distraction

Une voie est de rechercher des compensations. La diversion, la distraction et l’amusement sont des tactiques courantes. Ce sont des compensations, tout comme des sucreries ou un pansement. Elles peuvent conduire à des addictions comme Gabor Maté l’a très bien montré. Et l’addiction peut être n’importe quoi : drogues, médicaments, alimentation, achats, argent, pouvoir, jeux de hasard, travail, honneur, prière.

Gestion de l’action

Un aspect important des personnalités est leur action, comment elles gèrent le but.

La dépression comme celle que la patiente décrit peut survenir avec n’importe quelle maladie et personnalité. Ceci arrive quand la capacité à compenser d’une personnalité ne fonctionne plus. C’est un appel à tourner son attention vers l’intérieur au lieu de l’extérieur.

Traumatisme

Les personnalités évoluent habituellement après un déclencheur ou un traumatisme. Personnalité et traumatisme sont comme les deux faces d’une pièce de monnaie. Le traumatisme est la manifestation aiguë d’une personnalité qui s’est développée chroniquement. Les personnalités émergent après des expériences qui peuvent survenir suite de soucis, colère, pression, perte et autres. Donc, nous pouvons envisager les personnalités et leurs troubles comme des syndromes de stress post-traumatique.

La connexion entre traumatisme et personnalité est aussi évidente dans le fait que les évènements traumatiques pour une personne ont peu ou pas d’effet sur une autre. Si un grand nombre de personnes s’infectent avec le bacille de la tuberculose, par exemple, seulement 15 % des infectés deviennent malades. Ce pourcentage dépend fortement de facteurs comme la pauvreté et la malnutrition. En général, cependant, de nombreuses personnes infectées n’ont aucun problème et d’autres réagissent immédiatement selon leur affinité avec le sujet. C’est une expression du fait que le terrain est plus important que l’infection. Dit autrement, l’état du système immunitaire d’une personne est plus décisif que le fait d’être infecté par des bactéries ou des virus.

Cela peut aussi nous revenir sous forme d’accidents ou d’évènements. Quand la personnalité avec son traumatisme est complètement niée ou est devenue inconsciente, elle ne peut s’exprimer que par des accidents ou des maladies dans le monde physique. Comme Jung l’a dit : « Ce qui ne nous est pas porté à la conscience, apparaît dans nos vies comme le destin ».

Une situation similaire se voit dans les constellations familiales. Un thème, une personnalité est présente dans une famille et va s’exprimer chez un des membres. Il est présent dans le champ et doit devenir conscient. Le plus souvent, les patients ne connaissent pas le traumatisme. Dans les constellations familiales, il est montré qu’une personne porte en elle le problème familial sans savoir d’où il vient et même parfois de quoi il s’agit. Quand on est ouvert à l’idée de karma et de réincarnation, il est facile de visualiser que l’on peut porter des traumatismes de vies antérieures.

Cause

Une importante question est l’origine des personnalités. Souvent le traumatisme est perçu comme la cause. Mais il peut aussi être vu comme le déclencheur d’un déséquilibre existant. On peut voir un traumatisme de la petite enfance comme une cause, la négligence d’un parent par exemple. Mais si on peut rechercher la cause de la négligence montrée par ce parent, il a probablement eu une expérience similaire de négligence. Les traumatismes se répètent génération après génération comme Gabor Maté le décrit. À la fin, il n’y a pas de réponse définitive. C’est la situation de l’œuf et de la poule. Mais une réponse n’est pas nécessaire, car on n’a seulement besoin de comprendre l’état d’être actuel d’où qu’il vienne.

Souvent la cause est retrouvée dans les traumatismes de la petite enfance. Cliniquement, c’est un indicateur fort de problèmes ultérieurs dans la vie (Maté). La culpabilité peut être posée par les parents. Mais on peut aussi considérer le problème comme découlant de personnalités avec lesquelles la personne est née.

Dans le Bouddhisme, on utilise le concept de Vasana. Vasana signifie une tendance dans le mental, une sorte d’addiction. C’est un schéma de réaction aux circonstances créé par des impressions du passé. C’est une rumination mentale, s’exprimant par des pensées persistantes sur des attentes, désirs, traumatismes et peurs. Dans tous les cas, le mental est occupé, engagé, actif.

Talent

Les personnalités ont deux côtés : le côté talent et le côté problème. Chaque personnalité a le talent de surmonter ou résoudre un problème. Mais si on s’identifie trop avec une personnalité, elle se rigidifie et se déséquilibre. Elle agira trop souvent mais donc aussi quand ce n’est pas adapté.

Opportunité

Une maladie est un fardeau. Mais c’est aussi une opportunité. C’est l’opportunité de résoudre un problème, de se désengager d’une personnalité trop forte et de devenir un peu plus soi-même. On peut prendre la responsabilité de la maladie et du problème et commencer à en regarder l’essence pour le comprendre et le laisser tomber. Cela stoppera la chaîne de cause et d’effet. À la place d’être victime on peut devenir héros. En résolvant le problème pour soi-même, on le résout aussi pour les personnes qui sont impliquées. Dans les cas de traumatismes familiaux, on peut le résoudre pour toute la famille.

Influence des personnalités

L’influence des personnalités sur le corps peut se voir directement dans des cas de personnalités multiples. Par exemple, une femme avait environ dix personnalités, dont la plupart étaient aveugles; si l’une des personnalités aveugles prévalait, il n’y avait aucune activité dans le cortex visuel sur l’IRM; pour les personnalités non-aveugles, l’activité du cortex visuel était normale (Waldvogel). Ceci montre la force et l’influence directe que ces personnalités peuvent avoir.

Identification

L’identification à des personnalités est un enjeu important. Quand l’identification est trop forte, on perd le contrôle sur la personnalité. Elle devient maîtresse à la place de serviteur. La personnalité est un talent ou une méthode pour surmonter certains problèmes. C’est la capacité d’éviter ou de parer aux traumatismes.